Témoignage de Nicky Cruz, un chef de gang qui devient évangéliste des quartiers chauds de New-York.
Mon père était prêtre sataniste, et ma mère sorcière. On était 19 enfants à la maison. Je n’avais que trois ans et demi, et ma mère me frappait durement. Elle me donnait des coups de pied et me laissait seul dans mon sang. Ou alors elle m’enfermait dans une pièce sombre. A quatre ans, je connaissais déjà la solitude et l’envie de mourir. « Tu es stupide » me criait ma mère, « tu es moche, je regrette de t’avoir mis au monde ». Ces mots ont fini de tuer mon enfance.
Un jour, alors qu’elle me battait en me tirant les cheveux, je l’ai arrêtée. « Si tu me frappes encore, je te tuerai, je te hais, tu n’es pas ma mère ! » Et j’ai quitté la maison pour vivre dans la rue. J’avais huit ans. Dans les rues de New-York, j’ai trouvé une autre famille : le gang. Avec les années je suis devenu un chef de gang, avec 300 gars et filles sous mes ordres. Pendant trois ans nous avons terrorisé New-York. Nous étions partout, sur les toits et dans les caves. C’était le gang de Maus-Maus des années 55. Mais nous étions ravagés par la drogue et la violence, et j’allais vers la mort. Nous étions forts et redoutés, avec notre photo dans les journaux, mais au fond de mon coeur, j’avais peur et je souffrais. Je savais résister à certaines souffrances du corps, mais jamais je n’ai pu arracher la souffrance de mon coeur.
J’ai connu plusieurs fois le tribunal et la prison. J’étais devenu l’ennemi public. Je n’oublierai jamais le verdict du psychiatre qui me visitait à la prison : « Nicky, tu es en route vers la chaise électrique et l’enfer ». Tout le monde m’avait abandonné.
Un jour, un drôle de pasteur de Pensylvanie est venu dans notre quartier. La police voulut le décourager. « N’entrez pas dans cette jungle. Ce sont des animaux. C’est une zone de guerre ». Il avait vu notre photo dans le magazine Life et il voulait nous prêcher la Bonne Nouvelle, à nous, les Maus-Maus. Son nom est David Wilkerson. « Dieu ira avec moi », disait-il à la police. Il avait vraiment une allure de campagnard, maigre comme un spaguetti, et avec de grosses lunettes. Je l’ai frappé. Je lui ai craché à la figure. Je l’ai humilié. « Je ne crois pas en Dieu ! » Et lui, il me disait : « Nicky, je suis un pasteur de campagne… j’ai peur… tu pourrais me tuer, mais je suis venu te dire que Jésus t’aime. Tu pourrais me couper en morceaux, mais souviens-toi, chaque morceau te dira : Jésus t’aime ! »
Je lui ai volé ses vêtements et son argent. J’ai démonté sa voiture. Il n’avait plus d’endroit où se réfugier. Il marchait sans chaussures. Mais pendant deux semaines, partout où j’allais, dans les bus et les dancings, le jour et la nuit, cette parole me revenait à l’esprit : « Nicky, Jésus t’aime ».
Alors, j’ai pris mon révolver, et 75 de mes gars pour me protéger de ce péquenot, et je suis allé à sa réunion. Quelle surprise !… Il y avait près de 2000 personnes. Douze gangs différents. Une fille voulut chanter un cantique. Quand elle a vu tous ces voyous danser, elle est partie en courant. Mais ce jour-là, en sept minutes, j’ai entendu l’Evangile pour la première fois. Je me suis levé avec mon gang pour la prière. La gloire du Christ passait dans mon coeur.
Mes gars et mes filles pleuraient. Et moi, le chef des Maus-Maus, j’étais à genoux, et je luttais pour retenir mes larmes. David Wilkerson me disait : « Nicky, Jésus est en toi, et Il t’aime ».
Pour la première fois, j’ai prié : « Dieu, je ne t’aime pas. Mais toi, m’aimes-tu ?… Je te demande pardon. Je te donne ma vie ».
Ce soir-là j’ai été libéré par Jésus-Christ. Ce soir-là, j’ai appris à aimer Jésus. Ce soir-là, j’ai retrouvé le Père céleste et je suis devenu son enfant. Le Christ a brisé le lien de la sorcellerie. J’ai pardonné à mes parents et ils sont devenus chrétiens. Douze de mes frères sont devenus chrétiens, et trois sont pasteurs. Je crois en Jésus-Christ.
(France, 14 juin 1995)
