Prêcher pour convertir ou remplir les bancs ?

Prêcher pour convertir ou remplir les bancs ?
Doit-on prêcher pour remplir le ciel ou bien peupler d’inconvertis les bancs des églises ?

 
 

« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs » (2 Timothée 4:3).

 
 

Cette parole de l’Apôtre Paul est littéralement accomplie aujourd’hui sous nos yeux. Nous rapportons ci-dessous quelques propos du prédicateur connu Charles Grandison Finney, datant du 19ème siècle, qui illustrent parfaitement l’Évangile très populaire et majoritairement répandu sur toute la surface de la terre. Doit-on prêcher pour remplir le ciel ou bien peupler d’inconvertis les bancs des églises ? Que celui qui a un coeur honnête en juge et reconnaisse l’exactitude de ces propos.

 

 

bigquotePrêchez chaque doctrine en attirant l’attention de l’auditoire sur l’homme plutôt que sur Jésus. Enseignez toutes les doctrines de façon à faire de l’homme le centre de l’attention de Dieu, plutôt que Dieu le centre d’intérêt de l’homme.

 

Évitez de prêcher au sujet de l’absolue nécessité d’un changement radical de cœur, au travers de la vérité révélée au cœur par l’action du saint Esprit. Laissez votre motivation suprême (être populaire) se réaliser; de cette façon, votre prédication sera conforme à ce but, et ne convertira pas les âmes à Christ.

 

Évitez de prêcher des doctrines qui offensent la chair; Comme cela personne ne devrait vous dire, comme on le disait à Christ: « C’est une parole dure à dire, qui peut l’entendre? » Ne donnez aucune explication claire et ne dérangez pas la conscience de vos auditeurs afin qu’ils ne soient pas inquiets au sujet de leur âme. Parlez très peu de l’enfer; comme cela votre auditoire pensera que vous ne croyez pas vous même en son existence. Donnez l’impression que, si Dieu est aussi bon que vous l’êtes, il ne peut envoyer personne en enfer. Ne faites pas d’allusions désagréables sur le renoncement à soi-même. N’enseignez ni le fait de porter sa croix, ni la crucifixion aux principes de ce monde. Ne faites pas de reproches quant aux tenues vestimentaires extravagantes; en faisant ainsi, vous ne laisserez jamais d’impression inconfortable au sujet de la vanité et la mondanité des membres de l’Eglise.

 

Évitez toutes illustrations, répétitions, phrases implicites qui feraient que votre auditoire pourrait se rappeler ce que vous avez dit. Évitez toute chaleur et enthousiasme dans ce que vous dites; ainsi vous ne donnerez jamais l’impression que vous croyez réellement à ce que vous dites. Soyez absolument certain de ne pas prêcher pour ceux qui sont en face de vous. Parlez-leur du péché, des pécheurs, mais pas d’eux-mêmes. Restez vague. Quand vous parlez, dites « eux », ou « ils » et non « vous ». Ainsi, personne ne se sentira concerné pas votre prédication, et personne ne l’appliquera à sa propre vie, de peur d’affermir le salut de son âme. Dénoncez le pêché, oui; mais faites le d’une façon générale, sans faire aucune allusion à un pêché spécifique de votre auditoire. Ne donnez pas l’impression que Dieu demande à l’auditoire d’obéir immédiatement et ici même à la vérité. Ne leur laissez pas penser que vous vous attendez à ce qu’ils s’engagent à l’instant et ici même à donner leur cœur à Dieu. Donnez-leur l’impression que vous vous attendez à ce qu’ils sortent du lieu de culte en demeurant dans leurs péchés, et qu’ils pourront ensuite reconsidérer ce sujet plus tard, lorsqu’ils en auront envie.

 

Faites appel à l’émotion de l’auditoire, et non à sa conscience. Soyez prudent de ne pas rendre témoignage de la puissance de l’Évangile dans votre propre vie, afin de ne pas provoquer chez l’auditoire la conviction que vous avez quelque chose dont ils ont besoin. Ne faites pas resurgir les souvenirs inconfortables qui pourraient rappeler à votre auditoire ses pêchés passés.

 

Prêchez le salut par Grâce; mais ignorez la condamnation et la condition perdue du pécheur. Comme cela, le pécheur ne devrait jamais comprendre ce que vous voulez dire par grâce et il ne devrait jamais réaliser quel est son besoin personnel. Prêchez l’Évangile comme un remède ou une cure, mais restez conciliant (ou ignorez) quant à la destinée fatale du pêcheur. Ne parlez pas de la loi spirituelle de Dieu (par laquelle provient la connaissance du péché). De cette manière, le pécheur ne devrait jamais voir sa condition d’homme perdu, et ainsi ne se repentira pas. Ne réveillez pas la crainte des pêcheurs; mais donnez-leur plutôt l’impression qu’ils n’ont aucune raison d’avoir peur. Prêchez la prédestination de telle sorte qu’il en résulte soit du fatalisme, soit une apathie de la part des personnes qui écoutent. Faites croire à chaque personne que Dieu a déjà déterminé qui sera sauvé, et que rien ne pourra le faire changer d’avis. Vous ne ferez jamais penser à l’auditoire que ses actes peuvent faire une quelconque différence sur leur sort final.

 

Prêchez Christ en Le présentant comme infiniment amical, et de bonne composition. Ignorez Ses reproches mordants et caustiques adressés aux pécheurs et aux hypocrites, qui les ont fait si souvent trembler. Ne reprochez pas à l’Eglise ses tendances à se conformer au monde. Ainsi vous ne blesserez jamais ses sentiments et finalement réussirez à « convertir » quelques uns. Admettez, soit de façon manifeste ou insidieuse, que tous les hommes ont un bon fond. Ainsi, les pécheurs ne devraient jamais comprendre qu’ils ont besoin radicalement de changer de cœur, pour passer d’une vie de péché à une vie de sainteté. Prêchez qu’une personne peut être sauvée sans faire de Jésus son Seigneur.

 

Encouragez beaucoup d’œuvres sociales dans l’église et chargez-vous en vous même. Fixez-vous comme objectif que votre auditoire soit content de lui-même et de vous, et soyez surtout attentif à ne blesser les sentiments de personne.

 

Prêchez la nouvelle naissance comme quelque chose que Dieu dépose dans le cœur des personnes, et non comme un changement radical de vie, de but ou d’objectif de vie. Ne dites jamais aux gens qu’ils doivent impérativement cesser de vivre pour eux-mêmes, et vivre pour servir Dieu et faire Sa volonté. Ne dites jamais que la repentance est à la portée de chacun et de la responsabilité de l’homme; ni qu’elle consiste à se détourner de son péché pour se tourner vers Dieu. Enseignez-leur qu’ils peuvent différer le fait de se détourner de tout péché connu pour se tourner vers Dieu. Prêchez que l’homme est totalement incapable d’obéir à Dieu. Enseignez-leur que personne ne peut se tourner vers Dieu, mais insistez bien sur le fait que c’est Dieu qui va les changer. Assurez-vous que personne ne réalise qu’il est de sa véritable responsabilité de se repentir pour pouvoir être sauvé. Vous ne ferez jamais savoir que c’est à l’homme de se détourner de ses péchés pour suivre Dieu, mais plutôt que le véritable problème est que l’homme ne le fera pas. Prêchez que tous les hommes sont nés pécheurs et criminels. Enseignez-leur bien que chaque bébé est né coupable devant Dieu. Ne laissez personne découvrir qu’il est devenu un pécheur du fait de sa rébellion, parce qu’il a refusé d’aimer Dieu de tout son cœur, et cela en accord avec la lumière qu’il a reçue; qu’il est devenu un pécheur parce qu’il a recherché, égoïstement et plus que toute autre chose, son propre bien-être.

 

Prêchez que la sainteté est seulement une option et non un impératif de l’Évangile. Prêchez qu’on peut être chrétien sans devenir un vrai disciple. Prêchez la sécurité éternelle de telle façon que ni la persévérance dans la foi ni la continuité dans la sainteté ne sont requises du croyant. Faites croire aux gens qu’ils ont leur ticket pour le ciel, que tout est payé pour qu’ils puissent impunément se moquer de tout appel à la repentante et à la droiture. Enseignez aux chrétiens que le péché est une composante naturelle et normale de la vie de chaque jour, et qu’ils ne peuvent vraiment s’attendre à vaincre le péché par la puissance de Christ. Prêchez que le chrétien n’a besoin de rien faire. Enseignez-leur qu’ils sont tranquilles et en route vers le paradis, alors qu’ils vivent en rébellion ou dans la désobéissance.bigquote2

(source: Charles G. Finney, « How to Preach without Converting Anybody »)

 
 
 
 

Conclusion : La Bible dénonce les mauvais bergers qui n’ont aucun souci des âmes mais qui se servent de la Parole de Dieu « pour leur propre ventre », manipulant les foules par leurs paroles flatteuses et séductrices. Leur mobile principal mais caché est la recherche de leur propre gloire et des richesses ici-bas : d’où la nécessité de « prêcher » de façon à attirer le plus grand nombre d’adeptes possible, ce qui est faussement présenté comme un fruit de « productivité » agréable à Dieu.

 
 
 
 

« Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien, et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain. » (1 Timothée 6:3-5)

 

« Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs (multitude) les suivront dans leurs dissolutions (dérèglements), et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la condamnation, et dont la ruine ne sommeille point. » (2 Pierre 2:1-3)

 

« Car il en est plusieurs (multitude) qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j’en parle maintenant encore en pleurant. Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre. » (Philippiens 3:18-19)

 

« Car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre ; et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les coeurs des simples. » (Romains 16:18)


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