L’expérience du Capitaine Ball

L’expérience du Capitaine Ball
Témoignage du Capitaine Ball – Les fruits dignes d’une vraie repentance.

 
 

« J’ai fait une étrange expérience », dit le Capitaine Ball avec beaucoup d’émotion. « Elle a commencé il y a environ trois semaines. Dernièrement j’avais fait de bonnes affaires, et une nuit que je rentrais à cheval à la maison, comptant mes gains et éprouvant orgueil et triomphe du bon départ que j’avais pris dans le monde du fait de ma sagacité, j’entendis soudain une voix me dire : « Que servirait-il à un homme de gagner le monde entier s’il perdait son âme ? » Est-ce réellement une voix, me demandai-je ? Non, je savais que ce n’était pas une voix; c’était peut-être mon propre esprit, ou plutôt la voix du Saint Esprit dans ma conscience.

Mais ce qui avait été exprimé était aussi distinct et aussi inopiné que si une personne avait parlé dans mon oreille. J’allai consulter le pasteur de l’église dans laquelle je désirais entrer pour trouver la sécurité. Je n’avais aucune idée de la repentance et de la transformation de ma vie. Je supposais que le pasteur m’interrogerait sur les doctrines et ce qui s’y rapporte, et qu’il me ferait connaitre ce que je devais comprendre et croire, avant de devenir un membre de l’église. mais il ne s’y prit pas ainsi. Il me fit entrer dans son bureau et me parla longtemps des bénédictions attachées à la foi en Christ, de sa valeur supérieure à tout ce qui est dans le monde, indépendamment des récompenses qui viendront ensuite. Puis il dit : – « Capitaine Ball, connaissez-vous la première chose à faire pour devenir un chrétien ? » – « Je ne sais pas » répondis-je.

« La vie chrétienne » dit-il, « la vie de celui qui suit fidèlement Jésus Christ, ne peut être fondée que sur la repentance. mais il est facile de dire que nous nous repentons. La seule repentance qui ait quelque valeur est une repentance active : non seulement la douleur éprouvée à cause du péché, et le désir ardent de ne plus pécher à l’avenir, mais la repentance qui agit et cherche aussi loin qu’il est en notre pouvoir, à réparer tous les torts que nous avons pu commettre. Y a t-il quelqu’un dans le monde, Capitaine Ball, qui puisse dire en vérité que vous lui avez fait du tort ? »

 

 

Je souffrais cruellement et gémissais en moi-même, et je luttai longtemps avant de pouvoir répondre. Je voyais qu’il serait terriblement difficile de devenir un chrétien. Toutefois je désirais essayer, mais je souhaitais m’en tirer aussi aisément que possible. aussi je décidai de confesser ce que je supposais connu de tous ceux qui me connaissaient – mon affaire de cheval avec Peter Simmons, au printemps dernier. –« Avez-vous fait du tort à Peter ? » demanda le pasteur. – « Je l’ai un peu plumé » répondis-je. – « De combien estimez-vous ? » dit-il. – « Environ 75 dollars . – « Ayant en votre possession 75 dollars qui appartiennent à ce pauvre Peter, pensez-vous pouvoir commencer une vie de pureté chrétienne ? Pensez-vous que Christ entendra votre prière pour le pardon avec de l’argent volé dans votre poche ? » demanda le pasteur.

– « Je dis qu’une affaire est une affaire et que les hommes doivent regarder à leurs propres intérêts quand ils échangent des chevaux », mais il me coupa net : – « Votre âme », dit-il, « n’admet pas les excuses que votre égoïsme invente. » Je répondis alors : – « La règle que vous appliquez tranchera la tête des membres de l’église aussi bien que la mienne. Voici le diacre Rich : il s’occupe de ventes de chevaux et il plume quand il le peut » – « Il n’est pas question de la tête qui sera coupée ou de ce que fait le diacre Rich; vous devez vous occuper de votre âme à vous en présence du Seigneur; que vous soyez dans l’église ou hors de l’église, un simple dollar que vous avez pris injustement et consciemment à un homme quelconque, sans lui en rendre l’équivalent autant que cela vous est possible, sera comme une pierre de moulin pour entraîner votre âme dans la mer de la mort spirituelle. »

 

 

Je ne pouvais comprendre cela. Ces mots me perçaient jusqu’au fond du coeur, j’étais terriblement agité. Je partis mais ne pus trouver le repos. De sorte que je pris 75 dollars et allai chez Peter les lui remettre, lui faisant promettre de n’en parler à personne, car j’avais honte en pensant qu’on pourrait savoir que je les lui avais rendus. Puis j’allai chez le pasteur pour lui raconter ce que j’avais fait. Il ne me fit pas les compliments que j’attendais. Il considéra cela comme normal et sans plus de mérite que de se laver les mains avant le repas. Au contraire, il semblait croire que mes mains n’étaient pas encore assez propres. Il désirait savoir si je n’avais pas fait tort à d’autres qu’à Peter. J’essayai de dire non mais ma conscience ne me le permit pas. J’étais découragé, mon coeur était abattu, et je regrettais d’avoir parlé au pasteur. comme le jeune homme riche qui avait de grands biens, j’étais sur le point de m’en aller tout triste. Mais mon coeur brûlait au-dedans de moi, et je fus forcé de parler :

– « Dans le domaine des affaires » dis-je, « aucun doute; j’ai pris ici et là comme chacun fait, comme font eux-mêmes les membres des églises quand ils le peuvent. » – « Ce que font les autres ne constitue pas une règle pour vous, Capitaine Ball » dit le pasteur, « ce que nous devons chercher de tout notre coeur, c’est être des chrétiens dans le plein sens du terme et non pas simplement des membres d’église. Le fait d’être dans le troupeau ne fait pas de nous des brebis, il y a aussi des loups dans le troupeau, hélas ! Mais nous ne serons justifiés en aucune manière en agissant comme font les loups, même quand ils viennent à nous en habits de brebis. »

« Bien » dis-je, « je pense qu’il y a aussi le diacre Rich, à qui j’ai fait payer deux fois la même note : la première fois, nous avions traité une autre affaire, et par suite d’une erreur, la note ne fut pas détruite. Je l’ai trouvée ensuite égarée dans mes papiers : j’ai été très agité, et plus d’une nuit, je suis demeuré éveillé, cherchant ce que je devais faire à ce sujet. Je considérais que le diacre était un homme dur, que lui aussi tirait profit des autres quand il le pouvait. Il avait traité plus d’une affaire difficile avec moi; je conclus que je me conduirais avec le diacre comme il l’aurait fait avec moi dans les mêmes circonstances. Je mis de côté la note un certain temps, et quand je pensai qu’il avait perdu de vue les circonstances de notre règlement, je lui dis un jour que peut-être il pourrait liquider cette note qui m’était due depuis un temps considérable. Il parut surpris, il s’agita et se mit en colère, dit qu’il l’avait payée et résista fortement pendant un certain temps, mais il y avait la note. Il n’existait aucune preuve qu’elle ait été payée et bientôt, il sortit sa bourse et, avec quelques mots durs mais polis, il paya de nouveau avec intérêts. »

« Et maintenant », dit le pasteur, « Qu’allez-vous faire ? » – « Je suppose que l’argent doit être rendu ». Et ainsi, le lendemain, j’allai chez le diacre et lui dis qu’à la réflexion, j’étais convaincu qu’il avait raison, que j’avais tort au sujet de la note, et que je lui rendais l’argent, 113 dollars, et cela à son grand étonnement. J’espérais que tout était dans l’ordre, j’essayais de convaincre ma conscience qu’il en était ainsi, mais j’étais effrayé à la pensée de retourner chez le pasteur; il avait une telle manière de remuer la conscience et de trouver l’impureté au fond, là où nous pensons qu’il n’y a rien parce que c’est caché. Cependant je pensai que, si je redoutais de le voir, c’est parce qu’il y avait encore du mal, là. Et en regardant soigneusement dans mon coeur, je trouvai cette petite histoire d’hypothèque que j’avais forclos sur un pauvre homme. Je lui avais pris sa ferme tandis qu’il n’avait aucun soupçon et pensait que je lui donnerais le temps de se racheter. C’est ainsi que j’avais acquis une propriété de 2000 dollars pour laquelle cet homme n’avait reçu que la moitié de la valeur. Cependant le procédé avait été légal, et j’essayai de m’excuser, mais ma conscience éveillée continuait à dire : « Tu as pris la ferme d’un pauvre homme sans lui donner l’équivalent en retour; la loi de Dieu te condamne bien que la loi des hommes ait sanctionné le mal. Tu ne peux avoir de réelle paix; ton coeur te condamnera jusqu’à ce que tu aies restitué ce que tu as pris injustement de cet homme-là et des autres. ».

 

 

 

Longtemps je me rebellai contre ce décret de ma conscience. C’était dur pour moi de prélever un millier de dollars avec les intérêts depuis l’époque où l’hypothèque était forclose; il me semblait prendre une part de ma vie en étant obligé de prélever une somme aussi importante sur mes gains, et de la donner à un autre qui n’y avait aucun droit selon la loi civile. c’est pourquoi je gémissais en secret, j’essayais de prier, mais l’hypothèque s’interposait entre moi et Dieu, le ciel paraissait sombre et menaçant. Finalement, il me devint impossible de résister aux appels de ma conscience, et je retournai chez le pasteur. Je lui dis mon tourment et lui demandai ce que je devais faire.

« Il y a un test simple » dit-il, « Aimez-vous votre voisin comme vous-même ? S’il en est ainsi, vous serez juste envers lui, même si cela vous prend jusqu’à votre dernier dollar. »

Après cet arrêt je partis, chancelant comme si j’avais reçu un coup. Puis, solennellement, je m’approchai de Dieu au nom de Jésus, et je promis non seulement de faire justice au pauvre homme que j’avais lésé, mais si cela était nécessaire, de donner tout ce que je possédais dans le monde, si seulement dans sa miséricorde, Il voulait m’accorder Son pardon et me donner Sa paix… Une paix douce, consolante, envahit mon âme; je croyais entendre une voix me dire : « Bien que tu perdes tout ce que tu as sur la terre, il te restera Christ et la bénédiction d’un coeur purifié et en paix avec Dieu, le seul véritable trésor de vie et de bonheur ».

Dans la solennité de la nuit, après la lutte, le réconfort que j’expérimentais alors était si précieux que j’étais prêt à accepter la pauvreté, à aller dans le monde pauvre et méprisé, chérissant ce don inestimable fait à mon coeur, si vraiment Jésus voulait habiter en moi. Le lendemain, j’étais aussi léger que si j’avais des ailes. Rien n’aurait pu m’empêcher d’aller chez Isaac Dorr avec une somme de mille dollars dans ma poche, et la note du bilan de ce que je lui devais.

 

 

Maintenant, je voudrais que chacun puisse se représenter la famille Dorr quand je lui eus expliqué le but de ma visite :

Le pauvre Isaac était découragé, et sur le point de quitter sa famille pour partir en Californie. Ses enfants pleuraient et sa femme était dans une détresse et un désespoir extrêmes. elle me reçut mieux que je n’aurais pu l’espérer. J’avais agi conformément à la loi, dit-elle, et Isaac, sans souci, imprévoyant, était grandement à blâmer. – « Oui » dit Isaac, « au désespoir ! Aussi, je suis ruiné, et j’ai entraîné dans ma ruine ma femme et mes petits enfants ! ». Le pauvre homme s’effondra en les regardant et pleura encore plus amèrement.

« Isaac » dis-je, dès que je pus parler, « je suis venu pour vous montrer qu’un homme peut être honnête même quand la loi ne l’y contraint pas. Je veux faire le bien parce que Dieu le commande, et je peux vous dire maintenant que vous n’avez pas besoin de quitter votre femme et vos petits enfants, à moins que vous ne préfériez les quitter. – « Préférer aller dans une colonie étrangère et les laisser là, pour souffrir ?… » Alors, il prit les enfants dans ses bras, et serrant la main de sa femme, il sanglota comme si son coeur allait se briser.

Alors, j’exposai mon intention, je lui donnai l’argent et la note que j’avais apportés. Jamais je n’ai vu pareille surprise et pareil bonheur. Ils auraient baisé mes pieds. Il me sembla que le ciel était ouvert, à ce moment et en ce lieu. Il était, en vérité, ouvert à mon coeur avec un flot de lumière et de joie comme jamais je ne l’avais expérimenté, ni même cru possible.

« Amis » ajouta le Capitaine – sa voix qui avait été si dure s’adoucissant, ses joues mouillées de larmes- j’ai été contraint de faire cette confession, je vous remercie de l’avoir écoutée. Le pasteur m’a dit qu’on peut être un membre de l’église sans être chrétien, je désire être un chrétien d’abord, alors… » Il ne put aller plus loin, mais s’assit, étreint d’une émotion que les mots ne peuvent exprimer. Il moissonnait ce qu’il avait semé…

 
 

« Moi, l’Eternel ton Dieu, je t’instruis pour ton bien, je te conduis dans la voie que tu dois suivre. Oh ! Si tu étais attentif à mes commandements ! Ta paix serait comme un fleuve, et ton bonheur comme les flots de la mer ! » (Esaïe 48:18)
L’équipe Connaître la Vérité

(Paru dans "Vocation céleste" N° 65)


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