Une fillette maorie et son joyau

Une fillette maorie et son joyau
Histoire extraordinaire d’une fillette maorie qui fut à la source d’une oeuvre merveilleuse, voici quelques décennies, en Nouvelle Zélande.

 
 
 

 La Nouvelle Zélande et ses paysages enchanteurs… vallées profondes qui font penser aux fjords de Norvège, beauté de ses montagnes et de sa flore qui rappellent la Suisse, forêts et prairies parsemées de moutons, geysers évoquant l’Islande ou le Parc de Yellowstone aux USA… On trouve malheureusement chez ses habitants un penchant inquiétant pour la sorcellerie. Sa population la plus ancienne est d’origine polynésienne : ce sont les Maoris, petit peuple très artiste, mais dont l’origine pure s’est peu à peu effacée au cours des siècles depuis que de nombreux colons ont choisi leurs épouses parmi les belle jeunes-filles au teint brun de ce pays… 

Chez la jeune fille dont nous allons vous raconter l’histoire, l’origine pure s’alliait à un beau caractère, deux choses qui ne se retrouvent que rarement ensemble chez les insulaires polynésiens, aux mœurs hélas souvent relâchées… J’ai eu connaissance de cette histoire au cours d’un de mes voyages en Nouvelle Zélande, et j’ai conclu avec les Maoris une amitié durable. Voici donc le récit.

 
 

Dans le district du fleuve Waikato vivait un chef de tribu maori nommé Ngakuku. Il n’était pas chrétien mais cependant ouvert à l’Évangile. Pour plus d’information, il envoya sa fillette âgée de onze ans à la plus proche station missionnaire, celle de Tauranga. Le souhait du père était que sa fille apprenne à lire, afin qu’elle soit en mesure de déchiffrer le message des Blancs. A cette époque, un missionnaire du nom de Brown œuvrait à Tauranga avec son épouse. Lorsqu’il connut le vœu de la fillette, c’est avec joie qu’il l’accueillit à la station. Pour tout missionnaire un tel désir est une opportunité bénie.

Taroré était douée et en peu de temps la fille du chef maori sut lire. Lorsqu’au bout de quelques semaines déjà elle retourna à la tribu paternelle, elle emportait avec elle un Évangile de Luc, cadeau de la Mission. Taroré était profondément réjouie de cette précieuse acquisition. Elle transportait tout le jour le livre avec elle dans un sac maori. La nuit, elle s’en servait comme oreiller. Elle ne voulait se séparer un seul instant de cet objet de valeur. Le soir elle en lisait des extraits à son père et à des hommes de la tribu. Le père ayant écouté pendant quelques temps, réalisa que ce n’était pas l’enfant qui parlait. Il dit en présence de sa tribu : « En vérité, ce sont là des paroles du Grand Esprit ! » Peu de temps après il livra sa vie à Dieu.

Un jour, le chef Ngakuku entreprit avec un groupe d’hommes une expédition de chasse. La jeune Taroré et son petit frère de trois ans eurent la permission de les accompagner. Vers le soir, ils arrivèrent au pied des grandes eaux Weiréré, qui se précipitent en deux cataractes de cent cinquante mètres de haut. Les hommes furent imprudents et allumèrent un grand feu de camp dont la fumée, dépassant les cimes des arbres, était visible de loin. Cela leur fut fatal.

 
 

En amont de la vallée vivaient des ennemis mortels des Waikato, la tribu Arawa, du district de Rotorua. Les Arawa décidèrent une attaque et survinrent à l’aube pour surprendre Ngakuku et sa troupe. Les assaillants furent cependant retardés un certain temps par la recherche de la tente d’un anglais qui accompagnait les Waikato. Ce délai suffit à Ngakuku – qui était en état d’infériorité – pour réveiller ses hommes et les inciter à un prompt départ. Le père prit son petit garçon sur le bras et ils se retirèrent en un lieu bien protégé de la montagne. Dans le désordre général, Taroré fut, hélas, oubliée. Elle dormait du profond sommeil de la jeunesse, l’Évangile de Luc sous sa tête. Lorsqu’on constata son absence, quelques hommes revinrent sur leurs pas pour la chercher. Il était malheureusement trop tard. Ils trouvèrent Taroré assassinée. Les hommes enlevèrent doucement le cadavre et le portèrent à Matamata afin de l’inhumer dans le cimetière maori. La tribu observa un deuil général.

Les hommes de Ngakuku jurèrent vengeance. Mais le chef les en empêcha. Il dit : « Je ne suis pas d’accord avec la vengeance. Assez de sang a coulé de part et d’autre. Je veux m’en tenir à ce que j’ai entendu de l’Évangile jusqu’à ce jour, à savoir que nous devons aimer le Grand Esprit plus que tout. Il se chargera de la vengeance. »

Depuis le coup de main fatal, l’Évangile de Taroré avait disparu. Uita, le chef de la tribu ennemie l’avait emmené comme trophée. Toutefois il ne pouvait le lire, mais qu’importe, il possédait un livre… A son retour dans la tribu il montra le butin à ses compagnons. Un esclave aperçut l’Évangile et dit : « Je sais lire. Montrez-moi ce livre. » L’esclave n’était pas chrétien, c’est pourquoi le contenu lui demeura étranger. Cependant, pour les Arawa, ce fut une chose sensationnelle que de posséder un livre et d’avoir parmi eux un homme sachant lire. Avec la curiosité propre aux primitifs, les Arawa se mirent en devoir de se faire lire le texte. Le chef meurtrier de la fillette fut captivé par son contenu. Il était insatiable. Dès que l’esclave donnait des signes de fatigue, il s’impatientait. Le message, qu’il entendait pour la première fois de sa vie, atteignait sa conscience. Lorsque l’étude de l’Évangile de Luc fut achevée, Uita livra sa vie à Dieu.

Le résultat fut qu’il chargea l’esclave Ripahau d’écrire au père de l’enfant assassinée pour lui demander pardon. Avec la tendance innée au respect de la dignité humaine propre aux Maoris, il pria le chef Ngakuku de lui permettre de s’approprier le contenu spirituel de ce livre pour en faire un usage public. Combien l’Évangile avait changé le cœur de cet homme pour que, par son action, les belles qualités maories viennent en évidence…!

Ngakuku fut profondément impressionné par la conversion du chef ennemi. Bien entendu il pardonna. En même temps les hostilités entre les deux tribus prirent fin. Dieu avait cent fois vengé la mort de la fillette. Stimulés par la confession du chef, d’autres membres de la tribu se tournèrent vers le Seigneur…

 
 

L’histoire de l’Évangile de Taroré est loin d’être terminée. On pourrait dire que l’offrande de sa vie allait porter mille fois du fruit.

L’esclave Ripahau abandonna peu après Rotorua et s’établit au Sud, dans la tribu du chef redouté Rauparaha, qui avait acheté à des baleiniers des armes à feu. Ce chef terrorisait toutes les tribus voisines et il s’était assujetti des tribus des Iles du Sud. Son nom était haï partout. Toutefois ce despote avait un fils qui souffrait de la mentalité belliqueuse et agressive de son père. Il se nommait Tamihana. Lorsqu’il entendit parler des capacités de l’esclave Ripahau, il le pria de lui apprendre la lecture. Le cousin de Taminaha était animé de la même soif de connaissance. Les trois hommes s’assirent ensemble et se mirent à apprendre, dans un vieux livre de prière, le secret des lettres. Les quelques pages furent vite achevées. Là dessus, Taminaha envoya un messager à Rotorua, avec mission de rapporter d’autres livres.

Le messager en apporta trois. L’un d’eux n’avait plus de couverture, mais sur la première page figurait le nom de Ngakuku. C’était l’Evangile de Taroré, qui apparaissait déjà dans la troisième tribu maorie. Le fils du chef fut le premier à être converti par l’Évangile de Luc. Puis ce fut son cousin. L’esclave Ripahau était resté insensible jusqu’à ce jour. Devant le témoignage des deux hommes, il se décida à son tour pour Christ.

Dès lors, le fils du chef eut la pensée de faire venir un missionnaire. Il partit pour le Nord, en direction de la station missionnaire la plus proche. Son vœu fut exaucé : un missionnaire du nom de Hadfield vint s’établir à Otaki, dans le district de la tribu du père de Taminaha. Ce fils de chef plein de zèle n’était pourtant pas encore satisfait. Il pensait aux tribus des Iles du Sud, qui étaient l’objet d’agressions fréquentes de la part de son père. Il voulait réparer ce que détruisait ce père avide de meurtres.

Il décida avec son cousin d’entreprendre un voyage missionnaire aux Iles du Sud. Avec leur pirogue, ils parcoururent une distance de 1800 km en pleine mer. Cela suppose une grande habileté et beaucoup d’audace. Le long des côtes, ils allèrent d’une colonie maorie à l’autre et prêchèrent l’Évangile; si bien que beaucoup de Maoris se tournèrent vers le Seigneur Jésus. Lorsque, des années plus tard, l’évêque Selwyn entreprit sa première tournée d’inspection dans ces Iles, il y trouva un missionnaire et des centaines de Maoris convertis ! C’était là le fruit du travail du fils de chef devenu croyant : Taminaha – la portée lointaine de l’offrande faite par Taroré de son Évangile de Luc. Ce que, par leur ardeur belliqueuse, les chefs païens avaient détruit et ravagé, L’Évangile l’avait changé en bénédiction et en chemin de paix !

 
 

L’Evangile selon Luc de Taroré était visiblement accompagné de la bénédiction de Dieu. C’est un accomplissement de Psaume 8 : « Par la bouche des enfants… Tu as fondé Ta gloire ». C’est Taroré qui l’avait lu à son père. Ce même livret fut ensuite entre les mains du meurtrier de l’enfant, qui se convertit. Le livre atteignit ensuite le fils d’un chef, qui se convertit et devint un grand missionnaire. A Otaki, les enfants spirituels de ce missionnaire furent enflammés par son zèle. Ils se cotisèrent régulièrement et achetèrent à la Société biblique anglaise de Nouvelle Zélande des Bibles et des Nouveaux Testaments qui furent envoyés un peu partout dans le monde, notamment au Japon, en Inde, au Labrador. Du Labrador arriva une lettre de remerciements destinée aux Maoris d’Otaki pour le don de dizaines de Bibles et de Nouveaux Testaments. 

Source : R. Monod (La dynamite de Dieu – Traduit de l’allemand – Edité en 1971)

 
 
 

« L’Éternel Dieu fait des choses grandes et insondables, des merveilles sans nombre ! » (Job 5:9)

 

« Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma Parole qui sort de ma bouche dit l’Éternel : elle ne retourne pas à Moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l’ai envoyée. » (Esaïe 55:11)


0 Lire et Commenter

Commenter

error: Contenu protégé !